12/12/2013

Christina Vieira, la femme derrière Bioaddict

Fondatrice en 2008 du site Bioaddict -journal en ligne indépendant en pleine expansion- cette diplômée d'école de commerce est devenue une ardente militante du bio et de l'écologie. Elle s'est prêtée au jeu des questions-réponses pour les Vergers.

Comment en êtes-vous venue à créer votre site ?
Christina Vieira. La dernière société pour laquelle j'ai travaillé était une régie média, pour laquelle je m'occupais surtout de marques alimentaires et cosmétiques. J'ai réalisé que mon travail était de faire la promotion de grandes marques de consommation que je boycottais personnellement. Puis, mon père m'a appris qu'il était atteint d'un sérieux cancer de l'estomac Et en discutant avec les médecins, j'ai réalisé qu'entre les pesticides et autres colorants alimentaires, nous mangions n'importe quoi. Je me suis également rendu compte qu'il n'existait aucun journal d'information indépendant en ligne sur le sujet. J'ai démissionné et j'ai monté un blog que j'ai appelé Bioaddict sur les conseils d'une amie. Puis d'anciens collègues m'ont rejointe et le journal est en ligne depuis juin 2009.

Papier ou toile, la presse est un secteur sinistré. Quel est le modèle économique de Bioaddict ?
Nous sommes une petite rédaction. Nous avons des pigistes mais pas de permanents. C'est une entreprise essentiellement familiale. Le rédacteur en chef est mon père, qui mange beaucoup de fruits et légumes bio et se porte aujourd'hui très bien. Ma mère s'occupe des relations publiques. Nous avons monté cela par conviction avec l'argent familial. J'ai vendu ma voiture et mes parents ont investi leur retraite.


Aujourd'hui, le site est-il viable ?
Notre trafic augmente et notre chiffre d'affaire aussi.  En 2013, Nous avons 160 000 visiteurs uniques par mois et 500 000 pages vues, ce qui correspond au double de 2012. Les réactions sur les réseaux sociaux explosent depuis quelques mois.

Comment expliquez-vous cet engouement pour le bio, d'une façon plus générale ?
La crise économique a été bénéfique pour l'écologie. Quand vous avez 10€ pour le dîner de votre famille, vous réfléchissez. Les gens lisent les étiquettes et découvrent qu'il y a des produits bizarres dans la composition de ce qu'ils achetaient. La débrouille s'est également développée. En achetant ces légumes et en cuisinant lui-même, le consommateur réalise qu'il fait des économies, est en meilleur santé et qu'il peut en plus soutenir un petit producteur local.

Sur un plan politique, la crise a pourtant remis l'écologie au second plan...
Ce ne sont pas les politiques qui vont changer le monde. Le pouvoir est dans le caddie. Le consommateur le sait.



Lors du débat où nous nous sommes rencontrées, vous aviez défendu l'implication de la jeunesse dans l'écologie, sur quoi vous appuyez-vous ?
Maintenant, toutes les générations s'impliquent. Je donne ds cours de fiscalité dans des écoles de commerce et les étudiants ont une vraie volonté de s'engager pour une économie plus intelligente. C'est nouveau. Je suis moi-même sortie d'école de commerce en 2003. A l'époque, on s'en foutait complètement de savoir si les produits étaient toxiques pour la santé. Aujourd'hui ce n'est plus le cas. Il m'arrive également d'aller parler dans des écoles de développement durable. C'est frappant de constater de l'éducation environnementale des jeunes. Des collégiens montent des associations écologiques dans leur établissement et ils éduquent même leurs parents.

Les femmes jouent-elles un rôle particulier dans ce processus ?
Oui. Je me souviens d'un article que j'avais écrit en mars 2010, dont le titre était : la femme est l'avenir écologique de l'homme. Beaucoup de nos lecteurs sont de jeunes mamans, qui font rentrer le bio dans leur foyer. Et en politique, ce sont des femmes comme Nathalie Kosciusko-Morizet, Chantal Jouanno, Michèle Rivassi ou Eva Joly, qui se sont investies en priorité.

Avez-vous d'autres projets ?
En 2014, nous aimerions lancer une application bioaddict et mon rêve serait de monter une chaîne de TV, Bioaddict TV, 100% bio et écologique. Le marché publicitaire n'est pas mûr, mais je suis persuadée que c'est l'avenir.

(Crédit photo: C.Vieira)

4 commentaires:

Gaëlle a dit…

Ben tiens, je connaissais pas... je crois Bioaddict vient de gagner une lectrice! :-)
merci pou cet article, concis et exhaustif comme toujours

Atalanta a dit…

Tu devrais trouver plein de ressources dans les domaines qui t'intéressent sur Bioaddict, Gaëlle. Bises

Ellen A Paris a dit…

Hello Cécile,
Merci pour cette interview qui nous en dit plus sur l'histoire de Bioaddict.
Je les connais un peu (je les suis sur Twitter) et j'aime bien l'état d'esprit et le parcours de la créatrice qui est un peu celui que beaucoup de personnes ont en ce moment.
Bises <3

Atalanta a dit…

@ Ellen. Oui, je l'ai trouvé aussi énergique que sincère. Et cela fait plaisir de constater que cela a débouché sur une belle réussite.