28/09/2015

Demain le film, impressions d'avant-première

Cela fait presque deux ans que l'on entend parler de Demain, le film de Cyril Dion et Mélanie Laurent, qui a battu des records en matière de financement participatif avec 444 390 € via 10266 contributeurs. Alors, quand on est calé dans un siège du cinéma Max Linder pour assister à l'avant-première « number one » du film, l'impatience se mêle à la curiosité : Mais qu'est-ce qu'ils ont bien pu nous préparer ?
Toc, toc, toc, le rideau se lève....


… Et commence par une gifle, avec une étude scientifique qui prédit l'effondrement des écosystèmes avant le siècle prochain... Heureusement, le chapelet des solutions nous attend à l'orée de la forêt primitive. Pour moi, dont le cheminement dans cet univers engagé a débuté en 2012 après un reportage à Detroit, l'émotion est intense parce que c'est là que débute la quête de solution des deux réalisateurs: dans les premières ruines de notre système. Le récit par chapitres, qui visite l'agriculture et l'alimentation, l'énergie, l'économie, la démocratie et enfin l'éducation coule sans a-coups. L'interconnexion entre les thèmes frappe. L'image est belle, très belle. L'implication des deux réalisateurs dans leur sujet est naturelle, presque évidente.


Sérieux sans se prendre au sérieux. Dans leur commentaire, « Mélanie-Candide » et Cyril « zeee expert » dialoguent avec justesse sur fond de ciel bleu, autour du fil rouge "problème-solution": leurs échanges comme les répliques des personnages qu'ils ont sélectionné pour incarner ce nouveau monde vertueux, distillent cette pointe d'humour qui selon moi fait la différence entre Demain et quelques documentaires marquants, sortis depuis 18 mois autour du changement de paradigme. Demain n'est pas une comédie, mais durant 1h58 (hé oui, c'est aussi long qu'une fiction, mais on ne s'ennuie pas une seconde), vous allez sourire et même rire, parfois avec une petite pointe douce-amère.


Pour les spectateurs sont engagés dans les Colibris, la transition ou d'autres mouvements citoyens, pour ceux dont la sensibilité écologique est déjà ancrée, Demain sera un voyage prenant et inspirant dans ce nouveau monde. Pour tous les autres, qui découvrent progressivement et dans l'effroi la menace climatique, le film a le mérite d'offrir un tour d'horizon efficace et parfaitement documenté. Et c'est tant mieux, parce que Demain est supposé être projeté durant les négociations du COP 21: Un privilège, mais une sacré responsabilité pour les deux réalisateurs. On aimerait bien faire la petite souris, coincer certains de nos dirigeants à la sortie de la salle et recueillir leurs premières impressions...


Après Demain? Interrogés sur leur intention ou non de se lancer dans une suite de Demain, Cyril Dion et Mélanie Laurent ont souligné leur désir que leur oeuvre soit un point de départ et de ralliement entre toutes ces initiatives vertueuses et non le clap de fin d'une belle aventure. Cinéastes, oui, mais activistes aussi, avec parfois l'impression frustrante de prêcher dans un quasi désert: «quand je parlais de mon projet autour de moi, raconte Mélanie Laurent, on me demandait: 'mais qu'est-ce que tu t'emmerdes pendant un an et demi à faire un documentaire écolo qui n'intéresse personne ?' Je ne me suis pas vraiment sentie soutenue.» D'où un désir légitime que l'impact de son film dépasse la pellicule.


Pratique. Le film sort en salles le 2 décembre et vous pouvez suivre son actualité sur sa page facebook, son compte twitter et découvrir le programme d'avant-premières et des supports pédagogiques autour des solutions sur son site. Il sera bientôt possible d'enrichir l'expérience avec le livre Demain, un monde en marche, écrit par Cyril Dion. Et pour les petits, Demain, la BD abordera le sujet de façon plus ludique. Les deux ouvrages sont publiés dans la collection Domaine du possible chez Actes sud.



(Crédit photo: Mars Films- move movies)

23/09/2015

Alternatiba Paris en un week end, guide touristique

Quelques semaines avant l'ouverture du COP 21, Alternatiba Paris propose une multitude d'alternatives et initiatives sur la place de la République les 26-27 septembre. Mais d'ailleurs, ça vient  d'où Alternatiba ?


Découvrir. « Alternati » pour alternatives et « Ba » pour Bayonne. C'est dans cette ville que est apparu le 6 octobre 2013, le premier village d'initiatives, avec un beau succès puisqu'il rassembla 12000 personnes. Depuis, plus d'une centaine d'Alternatiba se sont montés ou sont en prévision en France et dans le monde.

Aborder... Alternatiba Paris. Plus de 400 organisations accueilleront ce week end les quelques 50 000 visiteurs espérés sur la place de la République. Ce n'est pas la foire de Paris, mais ça va être un sacré festival quand même. Outre le village des alternatives divisé en 14 quartiers, il y aura des conférences, des animations pour petits et grands, des ateliers, des concerts et même un bal. Le programme complet est disponible ici, mais si vous craignez de ne pas vous y retrouvez et de louper des trucs géniaux? Suivez le guide pour les meilleurs spots.



Ecouter... Traversée à haut risque sur le TAFTA, une pièce de théâtre sera suivie d'un débat sur le traité éponyme (Samedi 12-14h, salle Ambroize Croizat)

Regarder. Avec vos enfants, découvrez le spectacle Le monde Ouka, créatures magiques qui vivent en parfaite harmonie avec la nature et les éléments (destiné au 4-8 ans, samedi 11h-1130, scène du mur d'eau)

Visiter. Un appartement aménagé pour un mode de vie écologique (inscription à l'accueil général, dimanche 9h30, 11h, 13h30, 14h, 15h30, 17h)

Pédaler. Avec Paris Bike tour à la découverte de plantations, jardins partagés et approvisionnement en nourriture (dimanche 10h-13h, quartier mobilité)


Déguster. Être invité à un banquet de 5000 personnes, ça vous dit ? Tant mieux parce que Disco Soupe vous attend de 12h à 16 h le dimanche 27 pour une restauration gratuite à partir de fruits et légumes invendus, cuisinés en musique.

Expérimenter... La cuisine végétarienne grâce un atelier (dimanche 13h-14h, quartier agriculture et alimentation)

Jouer... À  Et moi je fais quoi, jeu citoyen animé par le réseau fair(e), un monde équitable et bioconsommacteurs (dimanche 14-16h, quartier agriculture et alimentation)

Fabriquer... Des sacs pour l'achat en vrac à partir de matériaux récupérés, ainsi que des lampes, mobilier etc (dimanche, quartier zéro déchet)


Se connecter... A son corps avec une petite séance de yoga for sex (dimanche 12h30-13h3à et 17h17h30), après s'être échauffés à la conférence éco-orgasme avec génération cobaye (dimanche 10h-10h45, quartier santé)

Bouger. Les concerts se succéderont tout le week end, mais pour que la fête soit complète, elle se terminera par un bal dimanche soir sur la place (19-21h).

S'impliquer. Le tourisme c'est bien, mais l'action c'est encore mieux. Si vous avez envie de vivre Alternatiba de l'intérieur, il est encore possible de rejoindre les rangs des bénévoles.

15/09/2015

Le Soya, pour une pause veggie cosy au calme


Cela fait bien longtemps que je n'avais pas testé une petite adresse de restaurant pour les Vergers. Il me sera d'autant plus facile de parler de celui-ci que j'y déjeuné et dîné à plusieurs reprises. Alors, bienvenue au Soya, une cantine bio où... devinez quel ingrédient tient une bonne place sur la carte?


Le lieu. Beaucoup d'adresses bio locales fonctionnent sur de toutes petites surfaces et donc en restauration rapide. Parfait pour un petit repas sur le pouce, moins bien pour passer un bon moment autour d'une bonne assiette. Au Soya, il y a de la place,et même une petite terrasse pour profiter des beaux jours. Mais si le restaurant est spacieux, c'est aussi parce qu'il n'est pas dans une rue très passante ni commerçante. Il faut trouver, il faut connaître, il faut y arriver. Mais l'ambiance fabrique restaurée de cette ancienne robinetterie fleure bon l'authenticité.

L'assiette. Savoureuse et imaginative. Le plat du jour est une valeur sûre, le couscous soja (évidemment!), incontournable. Les soupes sont délicieuses, les jus peuvent être une alternative légère à des desserts imaginatifs mais inégaux. Les végétariens sont à la maison, les intolérants au gluten trouveront leur bonheur.

Le +: adoubé par The place to bio, site reconnu qui a décerné le prix veggie au Soya en 2014.
Le –: Excentré. Pour siroter un jus après des courses effrenées, il faudra marcher un peu.

Pratique. Le Soya est situé au 20 rue de la pierre levée, 75011 Paris. Ouvert tous les jours de 12 à 15h et de 19 à 23h, sauf le dimanche. Vous pouvez suivre l'actualité de l'établissement (et baver devant les photos des plats) sur sa page facebook. Retrouvez le Soya, ainsi que les autres adresses recommandées par les Vergers sur la carte dans la colonne de droite.

08/09/2015

Ticket for change, potion magique pour entrepreneurs humains


Il y a une quinzaine de jours, j'ai découvert un secret de la plus haute importance que je me suis gardée de diffuser. N'y tenant plus, je le partage aujourd'hui très exclusivement avec les lecteurs de ce blog: il s'agit de l'invention d'un nouvel antidépresseur révolutionnaire. Contrairement à certains cachets bien connus, il se délivre sans ordonnance et n'a pas d'effets secondaires indésirables. La mauvaise nouvelle c'est qu'il est (presque) réservé aux moins de 30 ans et qu'il n'est administré qu'à une petite soixantaine de super veinards, sélectionnés avec soin.


C'est à la soirée d'ouverture de l'édition 2015 -la deuxième- que j'ai fait connaissance avec Ticket for change. En découvrant les grandes lignes du projet sur la toile en 2014, le concept m'avait intrigué, mais je craignais qu'il soit plus "business" qu'authentique. Quinze jours, deux soirées et une interview avec le fondateur plus tard,  je suis nettement plus convaincue, non seulement de la sincérité des protagonistes, mais aussi de la pertinence de leur démarche pourtant un peu folle.


Pour vous résumer ce tout jeune projet ambitieux, Ticket for change est "accélérateur de talents" supposé provoquer un passage à l'action chez des entrepreneurs sociaux et solidaires en devenir. Pour cette deuxième édition, 50 jeunes et 8 « intrapreneurs » porteurs d'un projet au sein de leur entreprise, ont été sélectionnés par la start up parmi 1200 candidats. La promotion a été ensuite embarqué dans un tour de France d'une douzaine de jours en 6 étapes, avec un programme pédagogique réparti en trois phases -inspiration, introspection, action- qui s'achève par le pitch de leurs projets et la remise d'un prix pour quatre d'entre eux.





Entre les 2700 kilomètres parcourus et les trois nuits en bus, les participants ont passé leur projet au crible, mais aussi appris à se connaître. Eux-mêmes et leurs compagnons de promotion. « Un projet, il faut le porter avec ses tripes », affirme un participant lors de la soirée de clôture au studio 104, alors qu'une autre  révèle : « J'ai compris comment réconcilier le social et le business, deux notions qu'on ne veut pas mettre ensemble ». Beaucoup ont été remués par l'expérience, non seulement professionnellement, mais personnellement : « Ce que j'ai appris c'est que je vous aime tous et que j'aime toutes nos différences », lâche un autre participant. Pas étonnant que des partenariats se soient formées autour de certains des 49 projets qui ont émergé durant le tour 2015.


Et maintenant ? Récompensés ou non, les 58 participants de Ticket for change vont être suivis dans la réalisation de leurs projets pendant dix mois, à travers "un tuteur, une plate-forme d'échange en ligne et cinq week end d'accélération" résume le fondateur Matthieu Dardaillon. Cette phase, Ticket for action est après de tour, le 2ème des 4 axes autour desquels s'articule la start up. S'ajoutent Corporate for change et Mooc for change, un cours en ligne pour "devenir entrepreneur du changement" lancé entre les deux premières éditions et qui a été suivi par 19 000 personnes.


Un très jeune pilote pour une caravane atypique. Diplômé de l'ESCP, Matthieu Dardaillon aurait pu faire une très belle carrière dans une multinationale. Ou comme Marc de la Ménardière le co-réalisateur d'En quête de sens qu'il connaît bien, il aurait pu choisir de prendre ses distances avec le système. Mais après une année passée à rencontrer les entrepreneurs qui changent le monde et plus particulièrement dans un voyage de 8000 km à bord du train Yagriti Yatra en Inde, il est devenu lui-même entrepreneur à 24 ans avec Ticket for change, dont l'une des ambitions avouées est d'«Aider l'entreprise à se transformer de l'intérieur » . Conscient d'être accusé de social washing avec les puissants partenaires privés qui le soutiennent, Matthieu Dardaillon n'en a cure: « Les entreprises sont plus puissantes que les Etats aujourd'hui », constate ce géant à la force tranquille qui propose « d'aider les entreprises à comprendre qu'elles vont devoir changer leurs pratiques en raison des enjeux sociaux et environnementaux, afin qu'elles aient un impact positif et participent à la résolution des problèmes de notre siècle à grande échelle ». Tout simplement. Il a commencé jeune, il n'a peur de rien et on a très envie d'y croire.

(Crédit photos: Laetitia Striffling)