29/03/2015

Le Zagigaï Kollektiv s'indigne dans Crime, et châtiment?

J'ai déjà évoqué ici à plusieurs reprises mes affinités avec le mouvement Colibris. L'un des effets secondaires désirables de l'engagement citoyen, ce sont les rencontres. L'une des premières que j'ai faite chez les Colibris, c'était avec Célia Grincourt, une comédienne au parcours atypique et à l'engagement infaillible. Côté scène, elle est partie un an en Biélorussie pour y étudier à l'académie des arts de Minsk et y a rencontré un autre artiste Nikita Gouzovsky avec lequel elle a fondé  en 2011 le Zagigaï Kollektiv. Côté ville, Célia a fait partie des Indignés avant de participer à la construction du groupe local des Colibris Paris. Elle retrouve aujourd'hui ses convictions dans une expression privilégiée pour elle : la scène.


Je connais Célia depuis deux ans mais vendredi soir, j'ai eu le privilège de la voir sur scène au théâtre de Belleville. Pour la première fois. Dans une adaptation de crimes et châtiment, la pièce qu'elle a co-écrite avec Nikita Gouzovsky: Crime, et châtiment? c'est six comédiens -dont Célia-  et un metteur en scène, Nikita, dans une charge féroce sur les dérives de la finance mondiale inspirée de l'oeuvre de Dostoïevski. Le tout, sur un fond de fantastique. « Nous avions envie d'adapter un classique, raconte Célia. Dans Crime et châtiment, Raskolnikov assassine une vieille usurière. Alors on s'est demandé qui étaient les usuriers dans le monde actuel. » Etudiant la création monétaire et s'inspirant de documentaires autour de la finance internationale comme Goldman Sachs, la banque qui dirige le monde, Nikita et Célia ont créé le personnage de Diane Khali, hautaine, cynique et dénuée de scrupules. Le spectateur s'insinue sans difficulté dans les pulsions meurtrières à son égard du héros, et ne reconnaît que trop bien certaines personnalités qui peuplent les divers écrans de son quotidien.

Si son message est d'actualité, Crime, et châtiment? reste avant tout un spectacle, joué et même dansé par moments : « Je crois vraiment que l'art est politique mais pas militant, affirme Célia. Une pièce doit toucher le cœur des spectateurs plus que d'être un pamphlet. Lorsque l'on vient au théâtre, c'est pour partager la vie des personnages. » Découvrir Célia dans l'interprétation d'un texte engagé dont elle est co-auteur, m'a non seulement permis de passer une bonne soirée mais aussi de me sentir plus reliée à tous ceux qui tentent ici et là de faire à leur façon, avec leurs moyens, leurs talents et leurs capacités, leur part de Colibris: Participer à la construction d'un monde meilleur n'est pas un pensum, mais peut être épanouissant et créatif.




Pour assister à une représentation de Crime, et châtiment? C'est facile La pièce est à l'affiche jusqu'au 5 avril au théâtre de Belleville, à Paris.
Pour ceux qui viendront à la représentation du 3 avril, elle sera suivi par une intervention et un débat avec Frédéric Boccara l'un des économistes atterrés, dont Célia et Nikita avaient lu le manifeste, lequel avait nourri leur inspiration pour Crime, et châtiment? Après cette quinzaine de création, la pièce pourrait se jouer prochainement à Fontenay-sous-Bois dans le Val de Marne, base du Zagigaï Kollektiv.

(Crédit Photo: Marco Samson et Alexandre Risso)

15/03/2015

La permaculture s'invite dans mon jardin (épisode 2)

L'observation du mois de janvier et les jolis dessins, vous vous souvenez ? Le printemps approche et le moment des gros travaux est arrivé. Le 2ème dimanche de mars, les Zurbaculteurs sont passés par chez moi avec leur science en permaculture. Sous leurs râteaux et leurs sécateurs, mon potager a subi des transformations radicales.


Aggradation du sol. Ah le carré de pelouse de banlieue... Les enfants qui jouent au ballon, les barbecues entre potes le week end... Et ça piétine, ça piétine. Quant au bout d'une trentaine d'années de ce mode de vie, on se mêle de construire un petit potager sur un terrain d'agrément, on bosse beaucoup et on récolte peu. C'est alors que la grelinette rentre en jeu. Cet outil magique permet de faire respirer le sol sans endommager la micro vie dans la terre. Maintenant, je m'enfonce jusqu'aux chevilles sur un sol qui était aussi dur qu'une patinoire.
En plus, les branches taillées (voir paragraphe suivant) sont passées dans mon broyeur pour faire du BRF (Bois Raméal Fragmenté), qui a été mélangé à la couche supérieure du sol pour l'enrichir. La mauvaise nouvelle est que pour finir l'hiver, toute la surface a dû être protégée des derniers froids avec d'affreux cartons. Quand j'étais ado, je ne supportais pas d'entendre qu'il fallait souffrir pour être belle. Mais maintenant, j'explique sans scrupules à mon potager qu'il faut d'abord être moche pour devenir comestible.

Que la lumière soit. Sur le principe, moi j'aimais bien ma mini forêt d'émeraude. On se love dans un écrin de verdure, on a (presque) l'impression d'être au milieu de son petit bois personnel on fait comme si les voisins n'existaient pas.... Jusqu'à ce que le fumet de leurs sardines grillées viennent chatouiller nos narines... Mais si cette ambiance me convenait, mes tomates et mes aubergines râlaient un peu. Sans soleil, peu de légumes et souvent très très petits. J'ai donc sacrifié un peu de mon isolation pour le bien de mes légumes. Rendez-vous en juillet pour vérifier que ça valait le coup.



Les pommes qui comptent pas pour des prunes. Pour des raisons mythologiques bien compréhensibles, chez Atalanta on prend les pommes très au sérieux. Et le pommier a (presque) tous les droits. Quand il a commencé à pencher comme la tour de Pise, on n'a rien osé lui dire. Et quand il a fait mine de se coucher sur le potager, on lui a tout juste rogné quelques branches pour ne pas être obligée de faire la récolte des haricots en rampant.
Mais depuis l'intervention des Zurbas dans mon jardin, le pommier a retrouvé une forme plus... traditionnelle et place a été faite autour de lui pour qu'il s'épanouisse. Vivement les bonnes compotes et à bientôt pour les prochaines étapes du potager urbain: semis intérieurs, préparation de l'espace, etc.

08/03/2015

Petit jeu printanier: C'est quoi cette graine ?

Il y a un peu moins d'un an, les Incroyables Comestibles partaient à la conquête du public parisien avec un stand  dans le Oui Share Village pendant la foire de Paris. Pour reconnecter les visiteurs avec la source de leur nourriture de façon ludique, j'avais mis au point un petit jeu. Celui-ci fut spontanément baptisé par Nathan, le référent des Incroyables Comestibles Paris : « C'est quoi cette graine ? »


Depuis, ce petit jeu tout simple a voyagé d'un événement à l'autre, animant des stands Colibris ou Incroyables Comestibles et poussant jardiniers amateurs, avertis ou simples curieux à examiner avec attention différentes sortes de semences pour mieux les reconnaître. Alors que le printemps arrive et avec lui le moment de sortir nos petites graines de leurs sacs pour les semer, c'est quoi cette graine va également sortir de sa caverne hivernale pour animer diverses manifestations dans ma région. Mais pour que ce jeu ne s'arrête pas au kit que j'avais créé sur l'inspiration du moment et puisse être répliqué par celles et ceux qui le souhaiteraient, voici un petit guide de fabrication.




Matériel
Une douzaine d'espèces de graines différentes
Une douzaine de petits sachets transparents
Une douzaine d'étiquettes autocollantes
Un stylo
Une grande enveloppe
Une feuille avec la liste des graines
De petits sachets de graines, de petits plants de légumes ou tout autre lot que vous jugerez adéquat pour récompenser les gagnants (optionnel)


Préparation
Sélectionner une douzaine d'espèces de graines différentes. Privilégier des graines qui se reconnaissent facilement les unes des autres et qui sont de tailles différentes. Essayer d'établir un juste équilibre entre les graines connues et relativement faciles à identifier et celles plus difficiles. Ne laisser qu'une ou deux espèces « piège » pour les plus expérimentés. Inscrire sur une étiquette autocollante chacune des espèces choisies. Placer ensuite une graine de chaque espèce (ou quelques unes si elles sont très petite) dans chacun des sachets. Coller l'étiquette correspondant à la graine sur chaque sachet. Mettre le tout dans la grande enveloppe. Le kit est prêt.



Règles du jeu
Secouer les sachets pour que les graines tombent bien au fond, les étaler à plat inscription face à la table ou au sol, comme s'il s'agissait de cartes ou de tarots. Dissimuler les graines sous l'enveloppe. Faire choisir cinq, six ou sept sachets en aveugle au joueur selon la formule choisie. Une fois que le joueur a choisi les sachets, il peut les tirer vers lui pour faire apparaître les graines en prenant soin qu'il ne les retourne pas pour ne pas voir l'inscription sur l'étiquette. Le joueur a gagné s'il trouve un certain nombre de graines, la difficulté étant adaptée selon qu'on s'adresse à un public de jardiniers avertis ou non.

01/03/2015

My Kitch'N c'est vegan, passionnément

Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas testé une nouvelle adresse bio "veggie". Celle-ci est ouverte depuis peu, avec des aliments frais cuisinés avec conviction par la fondatrice, et une histoire plutôt sympa.


Lorsque l'on pousse la porte de Kitch'N, on est tout de suite dans l'ambiance créée par Jennifer Eric : il y a de la récup dans l'air dans ce décor vintage de tables de bistrot restaurées des mains et de l'inspiration de la propriétaire de l'établissement. Suédoise installée à Paris après des études universitaires aux Etats-Unis, "Jenny" comme on l'appelle a toujours été attirée par la cuisine végétarienne. Et elle a constaté qu'à Paris, celle-ci était rarement au menu des restaurants, à fortiori s'il s'agissait carrément de cuisine végane, comme la sienne: «Je me suis lancée là dedans parce que je cherchais un endroit pour manger en dehors de chez moi», avoue-t-elle.


Du marché à la table. My Kitch'N est ainsi né, parce que Jennifer n'avait pas trouvé grand chose dans la capitale pour répondre à son envie. Elle a commencé avec un petit étal avec quelques tables au marché des Batignoles: « personne ne voulait me louer de local pour de la cuisine végétarienne », poursuit-elle sans détours. La réputation et le bouche à oreille aidant, la jolie scandinave a fini par trouver un local dans le même quartier, pour installer sa petite cantine végane avec le logo à la « bouche framboise ». Dans la Kytchn de Jennifer, tous les plats, jus et smoothies sont préparés sur place, avec des produits frais: on se régale évidemment de soupes et de salades, mais on peut également tester le sushi burrito, une spécialité my Kitch'N, ou un dessert à base de chia, la petite graine en vogue.

De l'assiette aux pages. Passionnée de cuisine végétalienne qu'elle est, Jennifer Eric ne se contente pas de préparer des recettes savoureuses. Elle les partage. « Sur le marché, Je passais mon temps à répondre aux questions, je n'avais pratiquement plus le temps de cuisiner, raconte-t-elle avec un franc parler rafraîchissant. Alors j'ai décidé de mettre toutes les réponses dans un livre. »



La petite bibliothèque de my Kitch'N. Tant qu'à vendre ses livres dans son restaurant, Jennifer a également ouvert sa vitrine à The green and the red, roman écrit par Armand Chauvel, un auteur Français, mais qui n'est malheureusement disponible qu'en anglais pour l'instant. Comme quoi, Jennifer n'a pas tort : il y a encore du boulot pour que l'alimentation végétarienne et végane s'implante en France. Il suffit de mettre le nez dans la carte de la plupart des brasseries parisiennes pour en être convaincue.