Les rencontres réseautage et papotages de la Maison des Acteurs du Paris Durable, vous connaissez ? C’est plutôt cool. Une fois tous les deux mois, une joyeuse assemblée se retrouve à la MAPD pour un apéro en auberge espagnole (chacun apporte un truc à boire ou à manger) et on écoute les « pitcheurs », alias porteurs de projets à impact écologique qui ont chacun une minute pour pitcher (lancer en français) leur projet. On découvre des tas d’initiatives solidaires et écolos et on peut même discuter avec les pitcheurs ensuite, s’ils ne sont pas trop demandés.
C’est par ce biais que j’ai fait connaissance avec Alexandre Durand et son projet Graapz, qui m’avait immédiatement séduite. Le gaspillage alimentaire, c’est vraiment un truc qui me fait bondir et j’ai déjà consacré plusieurs billets à ceux qui luttent contre ce fléau comme Disco soupe, le chaînon manquant et Optimiam. Lancé en juillet 2017, Graapz s’inscrit sur un nouveau créneau. La start up propose aux commerçants de proximité de sauver de la benne, des fruits et légumes qui ne peuvent plus être placés en rayon en les revendant sur sa plate-forme, via un système de paniers à prix modique. Pour seulement 20€, un consommateur peut souscrire un abonnement de quatre semaines auprès d’un comptoir/commerçant et recevoir un panier de 3kg de fruits légumes chaque semaine. soit 5€ le panier. « Les commerçants sont réceptifs parce qu’on apporte une solution à un problème qu’ils rencontrent, explique Alexandre. Cela leur permet de gagner en visibilité et de générer un complément de chiffre d’affaire. »
L’idée est née alors qu’Alexandre poursuivait ses études scientifiques au Québec, avec le projet d'investir son écosensibilité dans une carrière de chercheur. Au Canada, il a découvert l’étendue du gaspillage alimentaire par le biais des « dumpsters », qui glanaient des trésors dans les énormes containers poubelle. Le jeune Français était prêt à lancer le projet de l’autre côte de l’Atlantique, lorsqu’en février 2016, sous l’impulsion d’Arash Derambarsh la loi contre le gaspillage alimentaire est passée en France : « J’ai vu que tout un écosystème se mettait en place et je me suis dit que c’était une opportunité énorme, confie Alexandre. Je ne suis jamais retourné à Montréal.
C’est donc dans son pays, devenu pionnier en matière de législation dans ce domaine que l’étudiant est devenu entrepreneur et non chercheur. Sept comptoirs GRAAPZ dans Paris et sa proche banlieue peuvent actuellement distribuer une soixantaine de paniers. Fier d’annoncer sur le site que 2571 kilos de fruits et légumes ont déjà été sauvés (le 12 novembre 2027), Alexandre espère doubler le nombre de comptoirs d’ici à la fin de l’année, grâce aux trois nouveaux collègues qui sont venus renforcer son équipe. En 2018, l’entrepreneur aimerait implanter sa start up lauréate du concours d’idées Paris Saclay, à Lille. Et plus tard à Bordeaux, Lyon, puis Toulouse. Le point faible, assumé, du projet pour l’instant est que les fruits et légumes récupérés ne sont pas forcément bios et locaux : « je fournis un service écoresponsable », précise l’entrepreneur qui prévoit cependant de développer son offre de ce côté-là, conscient que les consommateurs sensibles au gaspillage alimentaire peuvent également l'être au bio et au local.
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