13/08/2017

Tout s'accélère ou comment ralentir avec Gilles Vernet

En me plongeant dans le livre Tout s'accélère, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Je l’ai ouvert, parce que je l’ai reçu des éditions Eyrolles, que je n’avais pas vu l’éponyme Tout s’accélère, documentaire réalisé par l'auteur Gilles Vernet, mais que j’en avais entendu beaucoup de bien. Enfin, parce que le sujet m’intriguait. Et je n’ai pas été déçue.



Dans une « autre vie », Gilles Vernet était trader. Oui, un de ces mecs en costard sous les doigts desquels passent des millions de dollars dans la journée, qui marchent à l’adrénaline et sont accrocs à l’ivresse du billet vert, jusqu’au jour où... Oui, généralement quand ils écrivent des bouquins c’est qu’il y a eu un « jour où ». Celui de Gilles Vernet advint lorsqu’il apprit que sa mère était atteinte d’une maladie incurable. La prise de conscience que son mode de vie lui interdisait de l’accompagner dans ses derniers mois, a fait basculer l’ex-financier de l’autre côté du miroir… là où le temps prend le temps de s’écouler.
Pour d’autres, il peut s’agir d’un divorce, une goutte d'eau, un harcèlement de trop par une hiérarchie sous pression qui conduit à ce fameux burn out, maladie hautement virale du monde du travail dans notre civilisation occidentale.

En tournant les pages du volume que j’ai terminé en quelques jours (raté pour le slow reading), je me suis sentie incroyablement concernée et touchée par le témoignage de Gilles Vernet. Parce que même si je n’ai jamais été trader, ni dans une profession liée de près ou de loin à la finance, je suis également passée par ce moment, où il faut choisir la pilule bleue ou la rouge. En sachant qu’il y a rarement de ticket retour.
Mon expérience a été différente de celle de Gilles Vernet. Je ne brassais pas des millions, j’étais juste journaliste qui couvrait le sport pour un grand quotidien. Ce n’était pas le bagne, certes, je gagnais correctement ma vie mais rien à voir avec les primes des financiers. Ce que j’avais en commun avec eux : le stress, cette tension récurrente des bouclages quotidiens, qui sont devenus permanents avec l’avènement du journalisme 2.0. Jusqu’au moment où c’était soit stop, soit le gouffre.


En découvrant le regard de l'auteur -désormais instituteur à temps partiel- sur notre société, qu’il décrit un peu comme une formule 1 de la civilisation dépourvue de système de freinage, j’ai réalisé que cette crainte de décrocher du rythme infernal, cette sensation de ne pas être à la hauteur, pas assez performante, m’avait également rongée et que je n’en étais pas totalement libérée. Et que nous n’étions probablement pas les seuls, bien loin de là.

Alors, Si tout cela éveille quelque chose en vous, Tout s’accélère est peut-être un livre que vous aurez envie de poser sur votre table de chevet. Et d’ouvrir dans les rares soupirs que nous accordent nos vies de cavalcades permanentes. Après une préface de Nicolas Hulot qui fait mouche, la première partie de l’ouvrage se penche sur le rythme effréné de notre société et sa dépendance aux écrans, racontés à travers le parcours de l’auteur. La seconde est plus axée sur des premiers éléments de solutions, notamment grâce à une boîte aux multiples outils à tester sur soi pour essayer de vivre autrement. L'ensemble s'agrémente de multiples témoignages d'enfants, sages ou experts sur la thématique du temps. Un livre à lire, mais aussi à expérimenter.

(Editions Eyrolles, 14,90€)