14/09/2018

Amina Bouri, une flamme au service des villes bas carbone


Du vendredi 21 septembre au dimanche 23, trois sites parisiens accueilleront la troisième édition du forum Low Carbon City, une ONG qui œuvre pour des villes bas carbone :  derrière l’organisation de l’événement se cache un carré d’as féminin de bénévoles co-menées par Amina Bouri, une globe-trotteuse de 25 ans qui travaille pour Engie dans les énergies renouvelables et en déborde elle-même. Rencontre. 




D’où viens-tu, Amina, et comment ta fibre écologique est-elle née ?
J’ai grandi en région parisienne et pas dans une famille écolo. Mes parents sont d’origine marocaine et la culture veut qu’on mange de la viande à tous les repas. C’est lorsque je suis partie en Inde à 18 ans, avec ma meilleure amie et contre l’avis de mes parents, que ma conscience écologique s’est révélée. Le fait de voir des déchets partout a été un déclic et j’ai changé de mode de vie. J’ai réduit ma consommation de viande, trié mes déchets et plus tard, je me suis mise au compost.

Comment une Française d’origine marocaine en vient-elle à créer la première antenne européenne de Low Carbon City, une ONG colombienne ?
Après le bac, j’ai intégré une prépa HEC, puis l’école supérieure de commerce de Grenoble. Mais je voulais absolument profiter de mes études pour assouvir l’une de mes passions : voyager. Après avoir crapahuté en Inde, au Népal, en Chine, en Corée et au Japon, j’ai réalisé à quel point il était frustrant de ne pas parler la langue des contrées qu’on traversait. Alors je suis partie étudier la finance internationale et géopolitique à Puebla, au Mexique, puis également la finance à New-York.
Pendant mon séjour au Mexique, j’ai effectué un séjour en Colombie et j’ai eu un gros coup de cœur pour ce pays, dont les habitants sont tellement chaleureux et humains. Du coup, j'y suis retournée pour faire de la recherche dans une école d’ingénieurs spécialisée dans les énergies renouvelables. Je voulais également m’investir bénévolement dans un projet qui colle à mes valeurs et j’ai découvert Low Carbon City à Medellin, où j’ai notamment développé des formations pour que les professeurs puissent enseigner les rudiments de la protection de l’environnement à leur élèves.

Un forum entièrement gratuit

La légende veut que tu aies rencontré Anouk Lucas, la co-fondatrice de Low Carbon City France dans une déchetterie colombienne, est-ce vrai ?
J’étais bénévole dans le cadre d’un projet d’assainissement d’une ancienne déchetterie, sur laquelle des habitants s’étaient réfugiés après la guerre civile. Anouk travaillait pour une fondation sur le même site et oui, nous nous sommes rencontrées dans cette déchetterie le 4 mars 2017. Quelques mois plus tard, alors que nous étions bénévoles sur le 2ème forum Low Carbon City au Mexique, nous avons décidé que nous organiserions le prochain à Paris. Et nous avons créé Low Carbon City France.

Victoire, Amina, Anouk et Louana, l'équipe de Low Carbon City France

Les événements autour de l’écologie se multiplient. En quoi ce forum va-t-il s’en différencier ?
De trois façons. D’abord, parce qu’il est entièrement gratuit, contrairement à la plupart des événement équivalents. Nous considérons qu’on ne peut pas sensibiliser les gens en les faisant payer. Ensuite, les événements s’adressent généralement aux adultes. Le nôtre inclut les enfants et des activités ont été prévues pour eux. Enfin, nous avons choisi de ne nous associer qu’avec des structures dont nous partageons les valeurs, ce que nous a amené à refuser des contributions substantielles de grosses sociétés, qui n’aspiraient qu’à du greenwashing.


Tu as récemment suivi The Climate Reality Project, la formation d’Al Gore  dédiée à la préservation du climat, raconte-nous.
L’un des intervenants des Lundi des Citoyens me l’avait recommandée. Centrée autour des enjeux climatiques et plus particulièrement des solutions énergétiques et de la mobilisation pour l’action, cette session était la plus large jamais assurée par Al Gore, avec 2200 personnes venues du monde entier. Cela m’a notamment permis de faire de belles rencontres et de constater que la moyenne d’âge des militants, autour de 40 ans, était plus élevée aux États-Unis qu’en France.




Parmi les dix lauréates de Women4Climate


Quels sont tes projets et ceux de Low Carbon City France après le forum ?
Nous allons lancer un concours de photographie sur le thème de la gestion des déchets, des soirées troc, une exposition itinérante de photos dans une dizaine de lieux engagés. Nous allons également reprendre nos Lundis des citoyens et nous organisons un salon du livre autour de l’écologie début décembre. J’ai également la chance de figurer avec LCC France parmi les dix lauréates du programme Women4Climate, qui va me permettre d’être suivie par une mentor pendant un an. Dans le mouvement pour la protection de l’environnement, les femmes sont majoritaires. Qu’elles soient soutenues via ce programme lancé par Anne Hidalgo est un beau message d’espoir.


Le forum pratique. Les temps forts s’articulent autour de quatorze tables rondes et plus deux conférences données par Dominique Bourg et Pam Warhurst. Dans le programme, vous trouverez également une Soirée troc et disco soupe, ainsi qu'un marché responsable. Vous pouvez suivre l’actualité du forum sur son événement facebook, son compte instagram et twitter.

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