21/10/2012

J'ai pris l'avion aux Etats-Unis et j'ai survécu




Il fut une époque où le transport aérien sur le continent nord-américain était déconcertant de simplicité et de facilité d'utilisation. On passait d'un avion à l'autre en traversant des couloirs, comme on change de ligne de métro à Paris. On avait à peine franchi les formalités de sécurité (sans enlever ses chaussures, jeter sa provision d'eau minérale dans une poubelle et offrir son coupe-ongle à un officier de sécurité) que l'on embarquait déjà et que l'oiseau argenté décollait en hâte pour laisser la place au suivant. Et surtout, surtout, on pouvait rapporter l'intégrale des éditions originales d'Edith Wharton dans ses valises à sa vieille tante, sans risquer la sentence fatale d'une « hôtesse » de sol aussi ouverte à la négociation qu'un ex-agent du KGB.


Mais tout ceci appartient à un passé que beaucoup situent avant le fatal 11 septembre 2001. Psychose ou prétexte, les relations entre les compagnies aériennes et leurs passagers tiennent désormais plus de celles entre les pensionnaires d'un strict établissement scolaire et  son corps enseignant que celles entre clients et fournisseurs. « Vous avez 6 kilos de trop, retirez-les ou payez 100$ », m'a ainsi annoncé une hôtesse de sol à la mine patibulaire, alors que je m'apprêtais à traverser le pays d'ouest en sud-est, entre Reno et Miami sur les lignes de l'une des principales compagnies américaines. Sur le moment, j'ai tenté de chasser l'impression désagréable que je venais de tirer une mauvaise carte durant une partie de Monopoly, dans laquelle je sentais déjà que je ne construirais pas d'hôtels rue de la paix. Mais la vérité était que la menace du « racket » au kilo de trop n'était ni le premier ni le dernier désagrément auquel je devais être confrontée durant mon périple.


Je confesse, je ne sais pas voyager léger. Impossible de ne pas prévoir la tenue pour traîner dans l'appart le soir, celle pour le yoga, l'accumulation des pulls et écharpes pour faire face à la climatisation agressive du continent américain. Inenvisageable de quitter la base sans une provision raisonnable de boîtes de peinture, pastels, feuilles cartonnées, tubes de glitter et autres fournitures indispensables de la plus modeste des "srapbookeuses". Exclu de partir trois semaines avec un nombre d'heures faramineux à passer dans un tube métallique géant, à la merci d'une armée d'hôtesses diplômées à la Tatie Danielle Academy, sans une confortable provision de bouquins. Et non, je n'ai pas encore de kindle. Et oui, je songe sérieusement à l'achat d'une tablette. Celle-ci m'aurait d'ailleurs été bien utile, non seulement pour bouquiner, mais aussi pour regarder quelques films dans l'appareil d'un autre âge dans lequel j'ai passé presque 11 heures pour traverser l'Atlantique, où non seulement il n'y avait pas d'écrans individuels, mais le son ne fonctionnait pas sur mon siège. Nullement gênées par cette avarie, les hôtesses m'ont bien vite fait comprendre que non seulement elles n'y pouvaient rien, mais qu'en plus il n'y avait pas d'autre place équivalente dispo.



 Quelque part entre la patrie de JR Ewing (le tentaculaire aéroport de Dallas Fort Worth) où je n'a pas eu le loisir de m'arrêter et la destination floridienne que j'ai atteinte bien après l'heure décente d'un dîner que l'on ne m'avait évidemment pas servi à bord, j'ai échappé de justesse à devoir enregistrer le très modeste sac à dos qui me tenait lieu de bagages à main, avec mon ordinateur et la caméra vidéo confiée par mon journal. Raison invoquée : j'avais l'outrecuidance d'avoir un micro sac à dos (qui contenait une partie des 6kg excédentaires) en plus de mon sac à main. Pendant ce temps-là, des Américains s'engouffraient dans la cabine en traînant des valises presque de la taille de celles que j'avais mise en soute. Hé oui, parce que comme maintenant les compagnies américaines régulières font payer les bagages enregistrés, les passagers en gardent un max avec eux en cabine.

J'étais prête à clouer la compagnie en question au pilori, lorsqu'en en me présentant au comptoir d'enregistrement pour le Miami-Paris qui devait me ramener à la maison, je suis tombée sur une jeune femme charmante, qui m'a offert du scotch et des timbres pour emballer et renvoyer par la poste une clé que j'avais oublié de restituer à sa propriétaire. Mais peut-être avait-elle échappé au conditionnement de la Tatie Danielle Academy, parce qu'elle était de nationalité Haïtienne. En devisant avec elle en français, j'ai apprécié à leur juste valeur ces quelques grammes de gentillesse dans un univers de brutes.

3 commentaires:

Ellen A Paris a dit…

Hello Atalanta,
Prendre l'avion c'est une vraie phobie pour moi ;-)
Pourtant petite j'ai été "habituée" à voyager mais je déteste la sensation des trous d'air, et quand on traverse l'Atlantique il y en a trop on se croirait dans des montagnes russes !
Et puis souvent j'ai pas de chance en avion : quand à 4 ou 5 ans je suis partie au Sahara avec mes parents, on s'est pris une tempête de sable à l'atterrissage, et en 92 puis en 96 quand je suis partie en vacances sous les tropiques, c'était la période des attentats à Paris, j'étais paniquée des semaines avant de partir, l'enfer...
Bref, je ne suis pas sûre de regoûter de sitôt aux joies de l'avion et à la gentillesse de l'accueil des compagnies : j'aime bien garder les pieds au sol ;-)
Bisous <3

Ellen A Paris a dit…

Hello Atalanta,
J'ai vu ton com sur le blog, je sais je n'ai pas encore eu le temps de ripoliner le blog, je devais le faire en août et pas le temps ;(
Pour rechercher un post sur un blog Blogger/Blogspot, tout en haut à gauche (dans le coin) tu as dans une barre "Blogger" un champs de recherche.
Sinon, si tu recherchais un thème précis, dis-le moi je te le chercherai.
Des bisous <3
PS : Tu es dispo le samedi 3 novembre ? Avec quelques blogueuses dont Ophélie (de Feedback Baby, une journaliste) on se fait une rencontre sur Paris autour d'une pâtisserie.

Atalanta a dit…

Ah oui en effet, je pense que tu es définitivement réfractaire. Si tu es tentée par un voyage au long cours, la croisière serait peut-être indiquée :-)