Projetez-vous un instant dans un monde utopique. Vous vous promenez avec votre cher et tendre, en poussant votre petit dernier. Soudain, dans la vitrine d'une boutique, vous apercevez la théière de vos rêves. Cela fait des semaines que vous cherchez ce modèle, vous avez retourné les sites de e-commerce, écumé les soldes et même les grands enseignes qui ne sont pas dans vos moyens. Sans succès.
Mais aujourd'hui est votre jour de chance et la théière semble vous tendre son anse élégante, sur laquelle se trouve une étiquette insolite : 0€. Vous flairez l'entourloupe, mais vous rentrez quand même dans la boutique. Et c'est là que vous êtes confronté à l'improbable, voire l'impossible. Non seulement
la théière est disponible, mais en plus elle est totalement gratuite. Comme tous les objets exposés dans le magasin. Vous discutez avec la dame blonde derrière le comptoir pendant que votre compagnon découvre un livre épuisé après lequel il courait, alors que votre petit refuse de lâcher la peluche qu'il a prise sur une étagère et que vous aviez rangée dans la colonne « pas indispensable » de vos budgets serrés des mois à venir. Pendant qu'on vous emballe votre butin, vous réalisez que
les placards chez vous sont encombrés par les vêtements et chaussures dans lesquels le petit ne rentre plus. Demain, vous passerez les déposer à la gentille dame blonde.
Si vous pensez que je vous ai traîtreusement entraîné au pays des Bisounours pour que le retour à la réalité soit encore plus douloureux, vous vous trompez.
La boutique sans argent, c'est ainsi qu'elle se nomme, existe depuis 2013. Elle était éphémère jusqu'en mai et portait un peu de sa magie d'un événement à l'autre au gré des invitations. Elle niche depuis le 13 juin à la
maison des associations du XIIème arrondissement, ancienne gare de Reuilly où elle anime également
le Siga Siga nouvel espace convivial de café associatif à prix libres. Vous pouvez vraiment aller y déposer les objets opérationnels qui dorment dans vos armoires et y chercher votre bonheur.
|
A droite, Debora inaugure le café à prix libres à la maison des associations. |
Association fondée en 2013, la boutique sans argent s'est inspiré du
magasin pour rien, pionnier du genre à Mulhouse depuis 2009. «
Nous sommes allés les rencontrer et nous avons trouvé cela génial, confie Debora Fischkandl, qui dirige la boutique sans argent.
Eux-mêmes ont rapporté ce concept d'Allemagne, où les magasins gratuits sont très développés, une soixantaine sur le territoire. Cela allie les question de solidarités, bien social et d'entraide, aux questions environnementales, de seconde vie des objets et de gratuité.» Habituée des mouvement associatifs et rompue à leur communication, Debora a travaillé notamment dans l'art contemporain ou les politiques sociales., avant de lancer ce nouveau projet. Elle est aujourd'hui l'une des deux salariées de la boutique sans argent, qui
accueille donneurs et « cueilleurs » avec le même enthousiasme du lundi au samedi (14h-18h) dans l'ancienne gare de Reuilly.
|
La théière de rêve existe, je l'ai rencontrée à la boutique sans argent... |
«
On travaille dans la gratuité, parce que l'on ne veut pas mettre d'obstacle financier à l'acquisition de certains biens, explique Debora.
Quelques € peuvent être une contrainte pour une personne privée de ressources. On ne demande pas de justificatif. On demande aux personnes de bien réfléchir avant de prendre un objet. Et s'ils ne s'en servent plus, ils peuvent le rapporter dans quelques mois.» La directrice de la boutique sans argent est également ravie d'être sollicitée pour conseiller (gratuitement)
des projets comparables qui émergent en France, comme
celui de St Amand.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire