11/11/2018

Un documentaire pour raconter l’après Demain



Le film Demain, vous vous souvenez ? La sortie en 2015, le début chaotique, puis la montée en puissance, le cap du million de spectateurs et finalement le César du meilleur documentaire pour Cyril Dion et Mélanie Laurent, puis enfin, la carrière internationale qui a suivi. 
Mais l’aspect le plus marquant de ce documentaire qui a été diffusé dans 27 pays, été projeté à l’ONU et devant des chefs d’état, c’est l’éveil des consciences et le passage à l’acte qu’il a déclenché chez ses spectateurs. C’est cette histoire que Cyril Dion raconte avec la journaliste Laure Noualhat (Bridget Kyoto sur la toile) dans le bien nommé documentaire Après Demain. Que j’ai eu le privilège de visionner lors d’une avant-première le 7 novembre.


Au fil des projections que le succès phénoménal de Demain a provoqué, Cyril Dion a rencontré des myriades de citoyens. Qui ont eu à cœur de profiter des quelques instants passés avec le réalisateur, pour lui détailler les actions citoyennes et heureux bouleversements de vie que lui et Mélanie Laurent leur avaient inspiré. Trois ans, un roman primé et un petit manuel de résistance contemporaine plus tard, l’ancien acteur est plus que jamais convaincu que le récit est un puissant outil de changement des mentalités.

Les projecteurs d’après Demain se braquent d’abord sur une factrice qui a lancé un potager géant sur le toit d’un centre de tri. En voie off, les deux réalisateurs se prêtent avec un plaisir évident à jouer à Scully et Mulder, la sceptique et le convaincu : OK, mais vont-ils réinventer l’agriculture ainsi ? On quitte alors la postière, son patron et les charmants toits gourmands dont ils comptent couvrir les centres de tri pour sillonner la France et l’Europe à la découverte d’initiatives à l’impact sociétal moins anecdotique, comme une ceinture maraîchère liégeoise et son circuit de distribution chez nos voisins du plat pays. 

On découvre également que les monnaies locales se sont multipliées depuis la sortie de Demain, que Pocheco -l’entreprise modèle mise en lumière par le film- a diversifié ses activités. Le monde avance et évolue, parfois inspiré par Demain. Même les multinationales s’y mettent, comme l'explique Emmanuel Faber. Dans ce qui est pour moi l'un des moment les plus forts du film, le PDG atypique et charismatique de Danone, évoque la transformation et l’ambitieuse certification B-Corp qu'il vise pour sa société. La fibre écologique et humaniste vibre jusque dans les collectivités territoriales, avec Grenoble et Paris en exemple, la transformation de la capitale étant racontée dans une longue interview par Anne Hidalgo, maire controversé mais visionnaire. 



Fouillé mais jamais sentencieux, avec un ton léger et parfois humoristique, Après Demain se regarde avec la même aisance que son grand frère. A défaut d’être aussi optimiste et novateur, après Demain a le mérite de ne jamais soulever de problèmes (comme l'urgence engendrée par le réchauffement climatique) sans pointer son objectif vers les solutions, prouvant que le changement se poursuit, s'accélère parfois et qu’il atteint les acteurs les plus improbables de la société. 

Après Demain, pratique. Le documentaire doit être diffusé prochainement sur France télévision. D’ici là, des avant-premières sont organisées par énergie partagée dans toute la France et peut-être y en a-t-il une de prévue près de chez vous.