17/09/2012

C'est arrivé demain à Detroit (3ème volet)

Et voici le troisième et dernier volet de notre exploration de la splendeur, décadence et renaissance de Detroit. Au menu le DIY made in Detroit, un futur Zombie Park, deux journalistes françaises tombées amoureuses de la ville et... la contagion: la faillite menace beaucoup d'autres villes aux Etats-Unis.

Le royaume du DIY « faisons-le nous-même ». Devant la faillite des pouvoirs publics dans une ville dont l'avant-dernier maire, a fini derrière les barreaux, des quartiers entiers plongés dans le noir, la fuite des commerçants, les Detroiters ont été obligés de s'organiser. Les initiatives se multiplient en marge des spectaculaires potagers urbains, le recyclage, la production locale du nécessaire et les énergies nouvelles occupent le devant de la scène alors que fleurissent les ateliers de mécanique et de bricolage où chacun peut apprendre à réparer un vélo -comme Fender Bender, exclusivement réservé aux femmes- ou encore une association pour isoler les maisons des résidents l'hiver. Ainsi qu'on le découvre dans cet excellent docu sur sa renaissance, les Detroiters qui sont restés aiment profondément leur ville, veulent en être fiers, au point d'être capables de tourner en dérision jusqu'à la misère qui les a frappés, si tant est qu'elle puisse être retournée en la faveur de leur communauté. Ainsi a germé il y a quelques mois, une idée insolite de transformer l'un des quartiers en ruine de la ville en un parc à thème d'apocalypse et de zombies, Z world Detroit. Audacieux.



Detroit je t'aime. Deux journalistes françaises, Nora Mandray et Hélène Bienvenu ont été accrochées par résilience de cette ville souffre-douleur et se sont penchées dans Detroit je t'aime, un web-documentaire sur ces modes de vie nouveaux qui sont autant d'alternatives à explorer en temps de crise. Hier verrue stigmatisée des ruines mais également de la criminalité et du chômage record, Detroit est toujours une ville instable, mais elle est devenue, par sa volonté de survivre dans l’adversité, un laboratoire urbain du futur.


D'autres candidats? Si son cas est extrême, la situation de Detroit n'est malheureusement pas unique aux Etats-Unis. Vanity fair avait consacré un article inquiétant aux finances de la Californie plus spécifiquement, qui concernait également celles des collectivités locales sur l'ensemble du territoire américaine, d'où il ressort que certaines villes de l'ex huitième Etat du monde comme Vallejo se sont déclarées en faillite et sont menacées d'une misère tout aussi préoccupante que celle qui frappe Detroit. Colorado Springs, la deuxième ville du Colorado, en grande difficulté depuis la récession et qui a été également victime d'un terrible incendie cet été, a réduit ses services publics de façon drastique depuis 2009.

09/09/2012

C'est arrivé demain à Detroit (2ème volet)

Quand Hollywood racontait l'âge d'or et dénonçait les monopoles. Mythique et prophétique, Tucker est sorti en 1983 sur les écrans américains, avec un accueil mitigé du public. Ce long métrage à l’image léchée de Francis Ford Coppola retrace l’histoire véridique de Preston Tucker -inventeur génial incarné à l’écran par Jeff Bridges- dans le secteur de la fameuse industrie automobile. L'industriel novateur fut brisé puis pillé par les trois grands –Ford, Chrysler et General Motors- au début des années 50. A l’époque l’appât du gain régnait sur une ville qui a fnalement payé au prix fort l’arrogance de ses maîtres. Et tente aujourd'hui avec les moyens du bords, telle des dizaines de milliers de petits Preston Tucker en herbe, de renaître de ses cendres.



Entre cité fantôme et patrimoine en perdition, les fermes urbaines redonnent vie aux friches. En prenant progressivement une allure de cité fantôme, Detroit a attiré au fil des années photographes, journalistes et cinéastes comme le réalisateur français Florent Tillon, auteur du controversé Detroit ville sauvage. Locaux ou conteurs venus d’ailleurs, Detroit est un pôle d’intérêt parce qu’elle regorge d’histoires uniques, souvent tragiques, porteuses d’espoir et parfois les deux.Agacés de ce flot de curieux venus observer leur souffrance à la loupe et la diffuser à l'échelle planétaire, certains Detroiter ont choisi de prendre eux-mêmes la plume ou de poser une caméra sur leur épaule, comme Mark McInnis. "Quand tout s'effondre, plantez le champ de vos rêves", annonce le site du film Urban Roots, son documentaire qui explore notamment la reprise en main du cycle de la nourriture par les habitants, en cultivant eux-mêmes les espaces abandonnés. La ferme urbaine, dans nos mégapoles connectées à tous les courants culturels novateurs, c'est le dernier truc à la mode. Les jardins partagés, le compost collectif sont récemment apparus dans certains quartiers à Paris, après avoir envahi les toits de Manhattan, la ville verticale. Mais à Detroit, le mouvement des fermes urbaines d'Earthwork remonte à 1997, par nécessité, à l'époque où nous n'envisagions rarement d'aller chercher nos courgettes ailleurs que dans notre supermarché local. 


03/09/2012

C'est arrivé demain à Detroit (1er volet)


Avec son chômage et criminalité records au point d'avoir inspiré une série télévisée policière, Detroit apparaît généralement dans l'actualité à travers de funestes évènements. Sur notre carte personnelle, nous l'avons plutôt marquée d'un coup de stabylo boss correspondant aux lieux à éviter, que ceux à visiter. Mais s'il est douteux que la principale cité du Michigan ne devienne une haute destination de tourisme de masse dans les années à venir, la Motorcity, comme on l'appelle Outre-Atlantique nourrit peut-être en son sein le laboratoire urbain d'une nouvelle société dont nous n'avons qu'une vague idée. Frappée par la crise de l'automobile dès les années 80, Detroit a trinqué plus tôt et plus violemment que le reste du monde occidental. Et a dû s'adapter plus radicalement. Retour sur la descente aux enfers de feu l'un des fleurons du rêve américain et  visite guidée d'une renaissance chaotique mais passionnante. En trois volets.


Splendeur et décadence de la motor city. Les films comme Mad Max et The book of Eli, qui nous ont fait frissonner d'horreur en nous projetant dans un monde en ruine, résultat de nos propres excès, nous fascinent. Et à Detroit, la fiction a déjà été rejointe par la réalité. Passée de 2 millions d'habitants en 1950 à 700 000 aujourd'hui, la capitale du Michigan avait été frappée de plein fouet par la crise de la construction automobile américaine et de son incontournable triumvirat Ford, Chrysler et General Motors, bien avant que celle de la finance ne secoue le pays presque 30 ans plus tard. Dans les années à venir, des quartiers entiers abandonnés par leurs habitants vont devoir être rasés, alors que les monuments qui firent jadis la fierté de la ville -comme la gare centrale du Michigan- pourrissent sans qu'aucun des plans pour les restaurer ait jusqu'ici trouvé de financement suffisant. En attendant, la ville a pris quelques longueurs d'avance pour s'adapter dans l'adversité, et au moment où tant de pays craignent de s'enfoncer dans une dépression au long court, elle fait figure de laboratoire de la débrouille d'un futur qui a déjà commencé à germer ici et là. Ce qui fascine c'est que Detroit n'est pas une obscure bourgade d'un pays en voie de développement, mais feu une métropole puissante et prospère d'un pays continent qui est aujourd'hui encore la première puissance mondiale. Paradoxal ? Ou tout simplement terrifiant?


A découvrir avec le deuxième volet, qui s'ouvrira sur une séquence nostalgie de la "Motown" avec un film de Francis Ford Coppola, avant de poursuivre avec un coup de projecteur sur les fermes urbaines, qui font pousser l'espoir là où il n'y avait que déliquescence.